Wednesday, January 9, 2013

Cédric Nabe range ses pointes

Le sprinter genevois Cédric Nabe vient de finir de purger sa suspension de 18 mois pour défaut de localisation, mais il ne reviendra pas à la compétition. «On dirait qu'ils ont cherché à me détruire, mais je suis encore debout!», relève Nabe, qui dénonce l'«inflexibilité» dont a fait preuve selon lui Antidoping suisse, l'instance nationale antidopage. Il juge «moralement dur à accepter» le durcissement de sa sanction prononcé en juin dernier, qui l'a obligé à faire une croix sur les Championnats d'Europe à Helsinki et sur les JO de Londres, pour lesquels il aurait eu de bonnes chances de se qualifier.

Initialement, Nabe avait écopé d'un an de suspension de la part de Swiss Olympic pour n'avoir pas rempli son devoir d'annonce sur ses lieux de séjour. Mais Antidoping suisse, jugeant le verdict trop clément, a fait recours auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS) et obtenu une prolongation à 18 mois, charge en outre à Nabe de supporter 90 % des frais de tribunal.

«Ils savaient où me trouver»

«Tout cela alors que je n'ai jamais pris le moindre produit et que j'ai toujours joué le rôle d'un motivateur auprès des autres athlètes», déplore Nabe, qui plaide, ainsi que son entourage au Stade Genève, l'«erreur administrative». Le Genevois, qui n'était pas le plus organisé des hommes, recevait son courrier adressé par Antidoping suisse au domicile de ses parents, près de Genève. Mais lui-même séjournait et s'entraînait à Miami, en Floride. Résultat, personne n'a ouvert ses lettres. «Antidoping suisse a fini par m'envoyer un mail, mais c'était déjà tard, j'en étais à mon deuxième avertissement» (pour défaut de localisation), déplore-t-il.

Quand le sprinter a enfin rempli ses obligations en déclarant sa nouvelle adresse sur le formulaire ad hoc, via Internet, il a commis une erreur: «Je n'ai pas vu que je devais encore cocher une case en bas de page pour valider le processus. Résultat, ma déclaration n'a pas été enregistrée, et les contrôleurs sont passés à mon ancienne adresse de Miami, pas à la nouvelle. Evidemment, je ne m'y trouvais pas.» Conséquence, un troisième avertissement, qui a fait office de couperet.

Mais Nabe n'en démord pas: «S'ils avaient vraiment voulu me tester, ils auraient su où me trouver. Au stade avec mon entraîneur. Ce n'est pas de cette manière, avec une surveillance administrative, qu'on va nettoyer le sport. J'ai l'impression qu'Antidoping suisse se cherche une raison d'être et a fait preuve en l'occurrence de mauvaise foi», estime le sprinter.

Il subsiste un sentiment de gâchis par rapport à la carrière d'un athlète qui, à 29 ans, aurait pu écrire encore une ou l'autre belle page du sprint suisse, notamment avec le relais 4 x 100 m. Avec son record de 10''28 sur 100 m et sa place de finaliste aux Championnats d'Europe en salle 2011 à Paris (7e), Nabe reste l'un des sprinters les plus doués que la Suisse a connu. Il va désormais se concentrer sur sa profession, comme consultant informatique chez Deloitte à Zurich, où il vient d'être promu manager.

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